Ça fait plus d’un mois qu’on n’a pas écrit.
S’asseoir devant cet écran, espérer que l’inspiration se pointe, que les mots soient beaux, la pensée pertinente. Ça fait plus d’un mois que j’ai manqué de courage pour retrouver cette zone, qui pourtant, est toujours là en moi.
En revenant à la maison après quelques jours passés en ville (jours qui m’ont paru des semaines), la première chose que j’ai eue envie de faire, c’est d’aller voir les fleurs.
À chaque fois que j’arrive ici, en nature, mon corps fait un micro mouvement de détente, subtil mais perceptible. Les épaules qui relâchent, immense respiration, sentiment d’expansion. Immédiatement, à tout coup, je me rappelle pourquoi j’ai choisi la campagne.
Les dahlias m’attendaient. Presqu’une semaine depuis que je les avais laissés vivre et fleurir sans intervention.
J’ai passé de longues minutes à couper les tiges, observer les couleurs, m’ébahir devant la beauté et l'’abondance, comme à chaque fois. Un murmure dans ma tête: “C’est vrai, ma place est ici, avec elles.”
Je me suis préparée à prendre la route pour mon plateau de tournage. Les fleurs avaient eu la bonté de calmer mon esprit qui sautait dans tous les sens depuis hier. Je me suis rappelé qu’elles avaient ce don, de ramener à la présence. Trente minutes dans la parcelle de dahlias et j’avais retrouvé mon centre, l’endroit où je sais que je dois être. J’ai pensé que mes collègues aimeraient bien repartir avec quelques tiges après la journée de travail, alors je les ai réunies dans un grand seau, une à une, lentement, pour les offrir. Il y a quelque chose dans le geste d’offrir et de prendre le temps. Je me suis dit que ça se sentirait sûrement.
J’ai bouclé la ceinture de sécurité du seau que j’avais rempli des fleurs qui s’étaient offertes aujourd’hui. Les plus belles passagères.
J’ai pris la route, les incroyables dahlias aux couleurs d’automne sur le siège passager, et Fleur Libre est venue me visiter pour la première fois depuis des semaines. Ces derniers temps, quand je pensais à elle, c’était mon mental qui venait pour me dire: “Allez, il faudrait bien publier quelque chose. Qu’est-ce qui se passe avec Fleur Libre? Quelle est la prochaine étape? Rien n’a avancé depuis un mois… Les filles vont sûrement déserter ce projet qui n’aboutit jamais.”
Depuis un mois, Fleur Libre était muette et m’obligeait à observer mon mental qui s’impatientait à vouloir faire avancer les choses.
Ce matin, après avoir passé une demi-heure avec les dahlias, avec mon magnifique bouquet assis sur le siège près de moi, l’énergie de Fleur Libre est revenue tout naturellement autour de moi, aussi rapidement qu’elle m’avait désertée.
Elle m’a dit : c’est ça Fleur Libre. La liberté de cueillir ces tiges et prendre le temps. La joie de les offrir, le bonheur dans le coeur. La fierté de les avoir plantées, vues grandir, puis récoltées. L’envie de les célébrer. La présence. Le sentiment d’expansion. J’ai eu envie de passer la journée à créer avec elles et baigner dans cette zone où je me sens si bien. Mais il y avait la vie et ses obligations…
Fleur Libre est venue me visiter et m’a dit : parle de ça. Écris sur cette pause, sur ce moment d’attente, sur ces détours dans lesquels vous marchez, chacune de votre côté. J’ai pensé aux filles à qui je n’ai pas parlé depuis des semaines. Je nous ai vues, chacune dans nos détours respectifs, immergées dans nos vies, nos projets, nos questionnements et nos enjeux individuels. Et Fleur Libre qui m’a dit : je suis toujours là, je vous attends.
La mélodie de Time After Time est apparue dans ma tête.
“If you’re lost, you can look and you will find me. Time after time. If you fall, I will catch you, I’ll be waiting. Time after time.”
Fleur Libre n’ira jamais nulle part. Elle est la présence. La destination. La maison qui attend toujours notre retour, porte grande ouverte. C’est elle qui attend patiemment qu’on termine de s’épuiser dans nos détours, pour revenir à elle, à l’essentiel.
Sa visite m’a fait le plus grand bien. Je suis quand même retournée à Montréal me perdre dans d’autres détours, le temps de quelques jours. Goûter une fois de plus à ce sentiment d’insatisfaction éternelle qui revient toujours. Le mental est fort pour tenter d’éteindre la lenteur. Je retournerai voir les fleurs, avant que le premier gel n’arrive. On se retrouvera bientôt, toutes les cinq, pour faire naître un peu plus de Fleur Libre ensemble. Je n’en doute plus, même si ça prendra le temps qu’il faudra.
Fleur Libre ne s’en va nulle part.
Oh que c’est beau, j’en ai des frissons et la larme à l’oeil. Tu écris tellement bien.
Fleur libre vous attend toutes les cinq dans vos cœurs et non dans votre mental 💖💞💓💝
J’ai tellement confiance que vous trouverez la vraie voie de Fleur Libre, très bientôt 🙏